L'appellation "Abbaye de la Court" est incorrecte, car il ne s'agissait pas d'une abbaye, mais plutôt d'une ferme. La Court à Wasmes était l'une des fermes appartenant à l'Abbaye de Saint-Ghislain. Des personnalités historiques y ont séjourné, telles que Don Juan d'Autriche en 1657 et le général français Dumouriez en 1792. La Court a été rénovée en 1772 par Dom Amand de Gazier, abbé de Saint-Ghislain. Suite à la révolution française et à la sécularisation qui en découla, le bâtiment et ses dépendances furent acquis le 28 décembre 1797, lors de la vente des biens nationaux par Pierre Derbaix, alors devenu le premier bourgmestre de Wasmes. De 1923 à 1965, elle fut propriété et siège administratif du Charbonnage de l’Escouffiaux, devenu par la suite S.A. Cockerill. Classée monument historique en 1941, elle a été acquise par l'État en 1965 puis par la commune de Wasmes en 1973. Après une restauration dirigée par l’architecte Henri Guchez et financée par le Fonds des Bâtiments Scolaires en 1982, elle a abrité pendant des années une école de formation technique dans les métiers de la restauration et de la gastronomie, conservant ainsi son prestigieux cadre historique.
Un peu d’architecture
Du quadrilatère du XVIIIème siècle, il ne subsiste aujourd’hui qu’un ensemble de constructions en forme de U.
La Tour
L’aile nord qui est à front de rue est dominée par une imposante tour-porche à base carrée sur quatre niveaux dégressifs. D’une hauteur de 25 m, cette tour s’achève en un clocheton hexagonal percé de six œils-de-bœuf et surmonté d’un petit bulbe.
La Tour a été aménagée en colombier – privilège seigneurial – sur près de 8 m de haut soit quelques 1600 logettes auxquelles on accède par un baliveau tournant sur un pivot et supportant des barres parallèles en bois sur lesquelles sont fixées de petites échelles.
Le rez-de-chaussée en pierre bleue est percé d’un portail en anse de panier et de deux portes piétonnes que séparent des pilastres toscans. Sur la façade, au-dessus du porche, il y avait les armoiries de Dom Amand de Gazier, alors abbé de Saint-Ghislain. Mais ces armoiries ont été estompées par le temps et le martelage des révolutionnaires français.
La Cour d’honneur
A gauche, une chapelle, aujourd’hui disparue, était adossée au mur du porche.
Le flanc sud était occupé par une grange dîmière. A l’ouest, le corps du logis de 11 travées basses est percé au centre d’une porte Louis XIV en plein cintre qui donne accès à un perron double muni d’un garde-fou en ferronnerie.
L’appui de fenêtre de la grande lucarne laisse encore deviner une inscription indiquant la date de 1771. Au-dessus de cette porte, on peut lire « Vetere periclitante ibi de Gazier erexit me » (Tombée de vétusté, Dom de Gazier m’a relevée.) Un toit d’ardoises à la Mansart est percé de lucarnes à linteau reposant sur des montants verticaux en pierre bleue. A l’est, les dépendances ont été aménagées en habitation et exploitation agricole.
La Maison d’habitation
La pièce principale est située à droite du vestibule. La vaste cheminée de pierre est ornée d’un médaillon représentant l’Ourse, l’emblème de Saint-Ghislain.
Au sous-sol, les caves voûtées, dont l’épaisseur des murs varie de 60 à 70 cm, sont spacieuses.
Dans l’une de ces caves, un four à pain est installé. Il a une largeur de 1,20 m, une profondeur de 95 cm et une hauteur au sommet de la voûte de 1,48 m. Une autre de ces caves est équipée d’un vaste feu ouvert et, à en croire les solides crochets armés dans la voûte, elle servait probablement de fumoir. On trouve également un puits à margelle d’une profondeur de 15 m environ.
Les souterrains
Ils prennent naissance dans les caves de la Court à Wasmes. Ils ont toujours intrigué la population qui croyait que ces galeries conduisaient à l’Abbaye de Saint-Ghislain ou à la Cave du R’mite dans la forêt de Colfontaine. Ces souterrains débouchaient dans un endroit discret de la campagne pour permettre aux occupants de s’esquiver en cas de siège.
Manège (cercle équestre de l’Abbaye) :
Construit il y a une bonne trentaine d’années. Les propriétaires louent des boxes à l’année pour une vingtaine de chevaux.
Dans les années 70, le manège de la Court sis en partie sur le terril du Pachy accueillait, le samedi de la Pentecôte, un spectacle représentant la lutte de Gilles de CHIN contre le dragon GAYANT (la pucelle-pucelette de l’année précédente assistait au combat, juchée sur un « lit » de verdure)… Cette légende initiée au XIIième siècle, c’est une allégorie destinée à représenter l’assèchement des eaux marécageuses et nauséabondes qui entouraient Wasmes et ainsi symboliser la victoire du Bien sur le Mal.
Archives du Centre culturel de Colfontaine
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